Réouverture du Musée Eugène Boudin le 25 juin 2016

D’importants travaux destinés à mettre en conformité le musée Eugène Boudin avec la réglementation actuelle sur la sécurité incendie ont débuté en 2015 et se poursuivent en 2016. Ces travaux consistent notamment à créer un nouvel escalier de secours, à encloisonner avec des parois en verre l’escalier principal, et à créer dans les salles des portes coupe-feu.
Pour cette raison, le musée est fermé au public jusqu’au 24 juin 2016 inclus mais vous prépare en parallèle, dans le cadre de la troisième édition du festival Normandie Impressionniste, une prestigieuse exposition sur le thème “Etre jeune au temps des impressionnistes 1860-1910” que vous pourrez découvrir dès sa réouverture.

Cette année, le Festival Normandie Impressionniste a choisi de rassembler sa programmation autour du thème Portraits impressionnistes.
Les impressionnistes furent des rois de la figure, ils ont renouvelé le genre du portrait en adoptant une liberté nouvelle. L’impressionnisme a donné naissance à une galerie de portraits féminins et masculins de la première importance dans l’histoire de l’art moderne, et contemporains du développement de la photographie. Avec leur goût personnel, ces artistes ont peint la société de leur temps. Du portrait politique au portrait intime, ils sont des témoins de la grande comme de la petite histoire.

Le Musée Eugène Boudin de Honfleur s’inscrit donc dans le festival régional avec une exposition “Être jeune au temps des Impressionnistes (1860-1910)”.

filletteFidèle à sa tradition, le musée de Honfleur ne se contentera pas d’une illustration stricte du sujet mais, pour rendre hommage à la diversité des artistes qu’il conserve, contextualisera un aspect particulier du portrait, celui de l’enfance et de la jeunesse, à l’époque où fleurissaient l’impressionnisme et ses dérivés. Renonçant à une unique succession de portraits, l’exposition mêlera ceux-ci aux scènes de genre où apparaissent principalement  des enfants. Ceci présentera le double avantage de pouvoir évoquer toutes les étapes de l’enfance dans le cadre intime (naissance ou éducation, par exemple) ou social (baptême et communion, parmi d’autres) et la manière dont les différents courants artistiques s’y sont intéressés et les ont traités. Une attention toute spéciale sera bien sûr portée aux œuvres liées à la Normandie grâce à Eugène Boudin, Félix Cals ou Alexandre Dubourg, qui permettront d’évoquer spécifiquement les travaux et les jeux qui ont lié l’enfance au bord de mer.

L’époque qui s’étend des premiers manifestes picturaux d’Edouard Manet, dans le courant des années 1860, à la remise en cause de la figuration, avant même la première Guerre mondiale, voit cohabiter différents courants artistiques. Leur confrontation permettra de voir qu’il n’existe pas une lecture uniforme et progressiste de l’art mais comment certains sujets sont traités différemment selon l’esthétique de leurs créateurs et que révolution picturale ne signifie pas révolution sociale. Ainsi, le visiteur pourra voir comment les enfants de la bonne société que peint Berthe Morisot sont ignorants de la misère qui pèse sur leurs contemporains  représentés par Fernand Pelez. Parallèlement, le visiteur pourra appréhender  combien les variations en blanc de la communiante de Jean-Joseph Weerts peuvent être, à un moment donné, plus novatrices qu’une liseuse peinte par un  Pierre-Auguste Renoir soucieux de renouer avec la tradition.

Portrait de Jean Monet

Grâce à la générosité de plusieurs musées au premier rang desquels le musée d’Orsay, le palais des Beaux-Arts de Lille ou la Piscine, Musée d’art et d’histoire André Diligent de Roubaix, grâce à la confiance de plusieurs prêteurs particuliers, plus de soixante artistes – français mais aussi étrangers ayant travaillé en France comme le britannique Lawrence Alma-Tadema ou le belge Alfred Stevens – seront représentés par au moins une œuvre dans l’exposition, de Jean-François Millet à Pablo Picasso. Tous les courants qui ont côtoyé l’impressionnisme (Monet) seront présents : académisme (Carolus-Duran), réalisme et naturalisme, symbolisme (Emile Bernard), postimpressionnisme et jusqu’aux individualités novatrices du début du vingtième siècle, tel Picasso déjà cité, mais aussi Albert Marquet.

Chacune des œuvres exposées bénéficiera, dans le catalogue, d’une notice présentant son auteur et la replaçant tout à la fois dans la carrière de celui-ci et dans le contexte artistique et social dans laquelle elle a été conçue. Cela permettra de découvrir comment, quels que soient l’artiste et sa conception de ce que doit être la peinture, le portrait d’enfant et d’adolescent le renvoie à sa propre histoire et à une intimité qu’il chérit et dans laquelle le visiteur pourra retrouver ses émotions juvéniles.

(Commissariat d’exposition : Anne-Marie Bergeret, conservateur en chef des musées de Honfleur et Dominique Lobstein, historien d’art)